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Une première rencontre tant attendue

Solveigh
Solveigh
Reine de Fée
19.07.17 14:54
Solveigh
Aujourd'hui était un grand jour pour la jeune reine, car elle recevait pour la première fois dans son royaume un invité de renom. En envoyant sa missive il y a deux lunes de cela, Solveigh ne s'était pas doutée un seul instant que le monarque du royaume d'Émeraude permettrait promptement qu'un des chevaliers vient dans son royaume afin de lui parler de l'ordre, mais aussi de comment était la vie pour les élèves et écuyers de l'ordre. La jeune femme se doutait bien que les enfants n'étaient pas malmenés et que vivre à Émeraude était plus qu'agréable. Non. En fait, Solveigh voulait surtout savoir de ce qui attendait les enfants de son royaume s'ils allaient terminer leur éducation auprès de l'ordre des chevaliers d'Émeraude.

La jeune femme c'était donc préparé toute la semaine à l'arriver de son invité. Solveigh voulait que tout soit parfait ! Du moins, dans la mesure du possible. Le principal pour la reine était que son invité se sente comme chez lui, qu'il soit libre d'aller où il le souhaite, quand il le souhaite et surtout, que sa monture ne manque de rien. Fée ayant toujours été reconnu pour son accueil chaleureux, Solveigh voulait que cette tradition perdure durant son règne.

« Majesté, le chevalier d'Émeraude a franchi les portes du village. Il devrait donc être au château sous peu. »

La reine sursauta légèrement. Perdu dans ses pensées, elle n'avait pas entendue sa conseillère frapper à sa porte, ni même la porte de ses appartements s'ouvrir.

« Merci ! Assurez-vous, je vous prie, que l'écurie soit prête à accueillir la monture de notre invité. Je veux que la bête aille assez de nourriture et d'eau pendant son hébergement. » Lui répondit-elle, souriante.

Le moment qu’elle attendait depuis ce qui lui semblait être des lustres était enfin arrivé ! Solveigh allait enfin pouvoir rencontrer un membre de l’ordre d’Émeraude. Depuis son couronnement, ce chevalier était son premier véritable invité et dans un sens, son premier échange diplomatique avec un autre royaume. Il n’était peut-être pas venu à Fée avec pour mission de parler de relation entre les deux royaumes, mais cet homme représentait assurément le royaume d’Émeraude.

D’un pas rapide, Solveigh quitta ses appartements et se dirigea prestement vers l’entrée principale de son château. Si certains membres de la royauté avaient pour habitude d’accueillir un hôte dans la salle du trône, la reine de Fée avait décidé d’en faire autrement. Elle préférait accueillir elle-même son hôte, car c’était de loin, selon elle, beaucoup plus… chaleureux ? Accueillant ? Courtois ? Un peu de tout à la fois ? Et puis, bon. Elle était beaucoup trop impatience de faire cette rencontre. Solveigh aurait été incapable d’attention patiemment dans la salle du trône.

« Suis-je présentable, Rozabelle ? Je veux dire… Je n’ai rien oublié ? J’ai ma couronne ? Ma robe n’est pas déchirée ? Je n’ai pas les cheveux en pagaille ? Je fais… Bonne impression ? » Demanda la reine à sa conseillère.

Cette dernière ne fit que lui sourire, mais Solveigh comprit aisément que cela signifiait que tout était bienséant. Le royaume était prêt et elle aussi. D’un mouvement délicat, alors qu’elle s’approchait lentement des portes principales, la reine remonta dignement ses ailes pour ne pas les écorcher ou être encombré par ces dernières une fois qu’elle serait à l’extérieur. Lorsque les portes s’ouvrirent, elle franchit celles-ci, descendit les escaliers menant au premier palier et alla à la rencontre de son invité.

« Bienvenue dans le royaume de Fée, chevalier d’Émeraude. » Dit-elle avec un grand sourire.
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Invité
Invité
20.07.17 11:04
Invité

Redÿsco avait sauté sur l’occasion dès qu’elle s’était proposée. Fraîchement nommé Chevalier d’Emeraude, après toutes ces années d’entrainement et d’apprentissage, toutes ces années passées entre les murs du château d’Emeraude, une envie grandissante de liberté lui avait pris les tripes depuis quelques années. Sous la tutelle de ses maîtres, il avait enrayé ses envies comme il le pouvait, malgré quelques coups de gueule et de colère, de ras-le-bol. Red était reconnaissant envers les personnes qui l’avaient formé, ainsi qu’envers ses frères et sœurs d’Emeraude. Grâce à eux, il avait pu trouver un certain équilibre. Juste assez pour finir son éducation et devenir, peut-être, quelqu’un.
Un chevalier d’Emeraude. Il ne savait pas vraiment en quoi consisterait sa mission. Protéger Enkidiev mais alors ? Au fond, pourquoi ? Et pourquoi lui ?

Au contraire de ses confrères et consœurs, Red trouvait qu’il avait beaucoup de mal à contrôler ses pouvoirs. Il se voyait un peu comme le raté du groupe, même si ce n’était qu’une illusion qu’il se rentrait dans la tête, chaque jour un peu plus profondément. Quand il voyait Kirëanie faire valser l’eau sous ses yeux, ou apprendre à se transformer avec grâce et légèreté, ou encore Névénoë et son pouvoir de vision très impressionnant et aux multiples possibilités… Il se trouvait ridicule. Mais loin de lui l’idée de pleurer et de geindre dans les bras de ceux qui l’entouraient : le jeune homme ravalait sa fierté, renfermait sa rancœur au fond de lui et acérait son regard et sa langue bien pendue. En soi, c’était une protection. Une sécurité bien fragile.

Redÿsco serra les crocs sur la longe de sa monture. Ecume, sa jument d’un gris très pommelée, était habituée à se faire guider de la sorte. Sous forme d’un grand loup noir, le Chevalier trottinait sur les sentiers menant au royaume de Fée. Ecume suivait, placide, les oreilles tendues vers le canidé, obéissante. Red aimait sa jument. Elle était encore jeune et pleine de vie. Il ne comptait plus les heures passées à jouer avec elle en liberté. Malgré le fait qu’on lui ait appris à monter à cheval, comme il se devait pour un homme de son rang, le brun préférait amplement marcher à ses côtés et laisser le dos d’Ecume aussi vierge que possible d’une selle et d’un cavalier. Aujourd’hui, et depuis son départ d’Emeraude, elle portait tout de même ses paquetages et son licol de cordelettes. La longe pendait entre eux deux. Il n’avait pas besoin de tirer la grise pour qu’elle le suive.

Le Loup dépassa les portes du village où séjournait la Reine de Fée en fin de matinée. Il avait pris soin de reprendre forme humaine peu avant, et de se vêtir de sa tenue de voyage de Chevalier d’Emeraude. Nul besoin d’armure ici, il était en terre alliée a priori. Redÿsco avait été envoyé sous la demande même de la Reine Solveigh dont on contait la beauté à travers tout Enkidiev. Elle était réputée pour sa générosité en tant que gouvernante.
Jetant quelques coups d’œil aux habitants qui l’observaient avec curiosité, le brun poursuivit sa route jusqu’au château. Il était venu informer sa majesté Solveigh des intentions de l’ordre d’Emeraude. Bien qu’il ne soit pas le plus doué en diplomatie, Red avait saisi l’occasion de s’échapper des murs de sa demeure, et il comptait bien en profiter un maximum. Le voyage l’ayant apaisé, cette fluette harmonie fut très vite balayée par tous les regards posés sur lui. Il se tendit, et resserra son emprise sur la longe d’Ecume, se rapprochant distraitement d’elle alors qu’il montait les premières marches du château de Fée.

Redÿsco fut assez surpris de tomber nez à nez avec la Reine elle-même. Habituellement, il était de coutume que les invités se présentent aux monarques, mais Solveigh en avait décidé autrement, le mettant quelque peu dans l’embarras. Elle l’accueillait à bras ouverts, dehors, devant tout le monde. Elle, bien droite, debout sur ses jambes fines, lumineuse d’une remarquable fragilité et d’une beauté de porcelaine, un grand sourire sur son visage, dévastateur. Red n’était pas un cœur d’artichaut, mais cet accueil était assez décontenançant. Alors, ne sachant pas vraiment quoi faire dans ces conditions, le jeune Chevalier garda tout de même son calme et son habituel sang-froid dans lequel il aimait se réfugier. Ce qu’il avait oublié en revanche, c’était que les fées étaient très sensibles à l’empathie et que se cacher ainsi derrière des apparences de confiance, dos droit, œil vif, poil brillant, ne servait strictement à rien. Au moins, cela avait tout de même le mérite de fonctionner pour lui.

« Majesté… » salua t-il en courbant l’échine. « Je suis Redÿsco d’Emeraude et je suis venu ici pour répondre à votre demande. »

On lui prit Ecume des mains, et il darda un regard méfiant sur la personne qui menait à présent sa monture, lui retirant l’assurance qu’elle lui octroyait. Red se redressa et croisa les mains derrière son dos, gardant contenance, ne se privant pas de fixer droit dans les yeux la reine de Fée. Pourquoi avait-il accepté, déjà ?
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Solveigh
Solveigh
Reine de Fée
22.07.17 13:33
Solveigh
Solveigh se répéta mentalement la phrase de salutation qu’elle venait d’adresser à son invité. Par réflexe, même si généralement, il est conseiller de le faire avant d’ouvrir la bouche, elle étudia chaque mot qu’elle venait de prononcer afin de s’assurer que cette première approche était digne d’une reine. Peut-être, ai-je été trop familière ? Pensa-t-elle durant un court instant. Hum… Solveigh ne serait le dire avec certitude. Une partie d’elle-même approuvait son approche puisque celle-ci s’était faite de manière tout à fait naturelle, mais la seconde partie d’elle-même était incapable de ne pas se demander si un accueil dans la salle du trône aurait été plus convenable… Après tout, si la plupart des monarques le faisaient, cela devait être pour une bonne raison. Non ?
Quoi qu’il en soit, et heureusement pour elle, ce doute intérieur ne dura pas longtemps.

La jeune femme fit son possible pour ne pas laisser paraître la fixation qu’elle faisait sur l’homme qui se présentait à elle. Solveigh devait bien se l’avouer, il avait fière allure. Et elle ne considérait pas seulement l’habit traditionnel de voyage de l’ordre d’Émeraude. Elle n’avait certes jamais eu la chance de côtoyer beaucoup d’étrangers, mais il y avait un petit quelque chose chez ce chevalier qui attirait et séduisait grandement la reine de Fée. Peut-être sa carrure ? Pensa-t-elle sur le coup de l’émotion. Après tout, les fées et les elfes n’ont pas la même physionomie que les humains. Et comme de fait, ce chevalier d’Émeraude n’avait aucunement le physique frêle et délicat de ses semblables. Au contraire, c’était bien la première fois que Solveigh voyait quelqu’un d’aussi grand et imposant.

« Majesté… »

La reine sursauta légèrement. De nouveau perdu dans ses pensées, où s’entremêlait la constations et la fascination, la voix rauque de son invité ramena rapidement la reine de fée au moment présent. Lorsque ce dernier courba l’échine en guise de salutation, Solveigh, sourire toujours aux lèvres, le remercia silencieusement d’un signe de tête.

« Je suis Redÿsco d’Emeraude et je suis venu ici pour répondre à votre demande. »

Aussitôt, la reine répliqua :

« Enchanter, Redÿsco d’Émeraude. Je suis Solveigh et… »

La jeune femme ne termina pas sa phrase, car elle remarqua le regard méfiant du chevalier vis-à-vis l’homme qui venait de prendre sa monture pour la mener à l’écurie du château. Ce n’est qu’à cet instant précis que la reine ressenti la déstabilisation du chevalier. L’émotion la frappa de plein fouet, telle une vague fracassant un rocher sur la côte. Par réflexe, Solveigh tourna la tête et posa un regard sur la monture de Redÿsco. La monture du chevalier était particulièrement remarquable. Une véritable beauté. Elle comprenait aisément cette méfiance, car elle-même aurait certainement ressenti ce sentiment dans de telles circonstances.

La reine était sur le point de complimenter le chevalier sur la beauté de sa jument lorsqu’elle perçut le regard de ce dernier. Ses ailes s’agitèrent légèrement dans son dos, démontrant inévitablement la surprise qu’elle venait soudainement de ressentir. Vivement, son regard se tourna vers Redÿsco. Solveigh ne trouvait aucunement son geste déplacé, Rozabelle le lui faisait depuis si longtemps. La reine aurait cru qu’elle s’y aurait habituée avec le temps, mais visiblement, ce n’était pas le cas. Elle était même très loin d’un quelconque progrès.

« Si vous n’êtes pas trop épuisé de votre voyage, chevalier Redÿsco, c’est avec grand plaisir que je vous propose d’aller vous faire visiter l’écurie du château. Dit-elle d’un ton calme et poser. Vous pourrez ainsi constater par vous-même l’état des lieux et me dire s’il manque quelque chose pour que votre magnifique jument soit confortablement installée chez nous. Avec toutes les ressources à notre disposition, je m’en voudrais terriblement d’apprendre tardivement qu’il lui manquait quelque chose pour que son séjour soit agréable. » Ajouta-t-elle avec un grand sourire.

Solveigh ne fit quelque pas en direction de l’écurie afin d'encourager gentiment Redÿsco à accepter son invitation. La reine ne voulait aucunement l’obliger ! Cependant, elle savait pertinemment que très peu de membre de la royauté offrait eux-mêmes une visite du château… La jeune femme ne voulait juste pas que le chevalier refuse son invitation afin d’être conforme à ce que dicte la soi-disant : tradition.

« Et puis, il en va de soit que je ne vous canarderais pas de question de suite. Je ne vous cacherais pas que je suis d’une nature très curieuse, mais vous venez de faire un long voyage pour venir jusqu’à moi. Vous méritez amplement un peu de repos, chevalier ! Et puis, je suis certaine que même dans le royaume d’Émeraude, il est assurément plus agréable d’avoir une conversation assis à une table et entouré d’un bon festin, que debout devant les portes d’un château. » Dit-elle d’un air quelque peu amusé.
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Invité
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25.07.17 12:40
Invité
Redÿsco se sentait terriblement mal à l’aise. Et plus il se laissait aller à ce malaise, plus les regards se tournaient vers lui, ne faisant qu’accroître ce sentiment. Et puis finalement, il les sentit : tous ces regards sur lui. Tous ces regards à l’intérieur de lui. Le Chevalier fut pris d’une légère panique. Il était entouré de personnes, de gens, d’inconnus, qui n’avaient aucune honte à s’insinuer dans son esprit par simple curiosité. Parce qu’ils le sentaient faible. Redÿsco les détestait, en cet instant. La colère lui fit fermer les poings alors qu’il tardait ses yeux, perçants et sauvages, sur les domestiques du château de Fée. Et comme en réponse à sa rage bouillonnante, il se ferma. Il s’enferma. Derrière la muraille infranchissable de son Palais de Glace intérieur. Il referma son âme à quiconque oserait y toucher, éjecta violemment tous ceux qui avaient osé y pénétrer sans y être invité. Ses crocs lacérèrent les esprits. Quelques-uns vacillèrent. D’autres se contentèrent de tourner la tête ailleurs.
Redÿsco les détestait.

Ce sont des pupilles acérées qu’il tourna sur le visage de porcelaine de la Reine de Fée. Redÿsco avait un mal fou à contrôler ses émotions. Ici, il ne se sentait pas bien. Agressé, dépossédé de sa propre intimité. Plus jamais il n’abaisserait sa garde en ce lieu, c’était certain. Mais devant la gouvernante des lieux, il s’adoucit, son éducation revenant au triple galop lui rappeler ses devoirs et surtout sa place. Il n’était qu’un Chevalier, et il avait devant lui une Reine. Alors il rangea bien malgré lui son orgueil blessé au fond de lui, et l’écouta, droit et fier.
Elle l’invitait à se rendre aux écuries.

Elle aussi avait perçu son trouble. L’avait-elle mise à nu, comme tous les autres ? Red se tendit, méfiant. Pourtant, il ne pouvait refuser son offre. Elle était Reine ici. Rarement les monarques offraient la visite guidée de leur luxueuse demeure, et décliner aurait été de très mauvais goût. Bien que le Loup n’ait qu’une seule envie –partir loin de tous ces gens- il hocha la tête.

« Avec plaisir, Majesté. » répondit-il d’un ton un peu froid malgré sa contenance.

Le Chevalier lui engagea le pas, ignorant royalement les quelques chuchotements qu’il lui semblait entendre autour de lui. Ses sens le trompaient rarement. Il préféra oublier et se concentrer sur la Reine de Fée, rassemblant comme il put ses émotions les plus positives et essayant vainement de mettre de côté la débâcle qu’avait été les premiers instants de sa venue ici.
Solveigh tenta de le rassurer, prétextant qu’il devait être fatigué de son voyage et qu’il opterait surement pour un bon repas et du repos avant de se faire assaillir de toutes les questions objets de sa visite de Fée. Redÿsco, après avoir longuement observé la croupe de sa jument pour y déceler un quelconque déséquilibre de son ossature auquel il pourrait remédier par des étirements, reporta son regard fier dans celui de la Reine. Il venait à peine de remarquer qu’il marchait à sa hauteur, très mauvaise habitude qui lui jouait un sale tour à présent : étant une monarque, elle pouvait mal l’interpréter. Mais le mal était fait, et Red décida de calmer ses ardeurs pour essayer de rattraper le coup de son impolitesse. Cela se fit naturellement dans son attitude : plus basse, moins tendue, moins droite. Plus ouverte. Pourtant, il restait toujours le même à l’intérieur : comme la corde d’un arc que l’on bande, prêt à chasser quiconque oserait franchir les portes de son Palais, griffes et crocs de sortie.

« Ne vous en faites pas, Majesté. Les grandes distances sont une broutille pour moi. » déclara-t-il d’un ton qui se voulait plus doux, mais presque maladroit. « Je suis venu pour vous. Alors, allez-y ne vous privez pas. Profitez-en tant que je suis ici. Posez-moi toutes les questions qui vous passeront par la tête. »

Sous forme lupine, Redÿsco était capable d’avaler une centaine de kilomètres par jour sans grand effort. Il adorait voyager. Quant à la curiosité de Solveigh, il se disait que plus vite elle aurait épuisé toutes ses questions, plus vite il repartirait.
Peut-être parviendrait-elle à le faire changer d’avis.
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Solveigh
Solveigh
Reine de Fée
29.07.17 20:15
Solveigh
Un petit sourire se dessina de nouveau sur les lèvres de la reine lorsque le chevalier Redÿsco accepta son invitation et lui emboita le pas. D’un sens, elle fut soulagée que ce dernier accepte. Bien honnêtement, elle n’avait pas envie de rentrer de suite dans le château. Bien qu’elle appréciait grandement ce dernier, Solveigh voulait respirer le grand air et profiter des rayons du soleil qu’elle ne voyait pas assez souvent selon elle. Elle passait ses journées dans le château afin de répondre aux exigences de son titre royal alors pour une fois, la reine se dit qu’elle ne se privera pas.
Quelques membres de son entourage allaient probablement lui rappeler qu’une reine ne devrait pas faire elle-même la visite de son propre royaume, elle en était même certaine, mais elle gérait cette situation en temps voulu.

D’un pas lent, elle se dirigea donc vers les écuries du château en prenant grand soin de bien remonter ses ailes transparentes. Ce n’était pas le temps de les abimés. Solveigh imaginait déjà la réaction de son amie Rozabelle si elle devait encore une fois se présenter devant elle avec des blessures mineures à soigner. À coup sûr… La magicienne lui ferait des remontrances pour ses étourderies !
La reine resta donc très concentrée afin de faire plus qu’attention a son bien le plus précieux. Cette soudainement concentration pour ses ailes n’empêcha toutefois pas Solveigh d’être consciente de ce qui l’entourait à cet instant. Lorsque Redÿsco prit la liberté de venir la rejoindre et de marcher à la même hauteur quelle, la reine ne se senti pas insulté ou prise avec médiocrité par ce dernier - comme dirait un de ses conseillers. Au contraire, la fée senti un lourd fardeau quitter ses épaules. Elle soupira même de soulagement face à l’attitude familière du chevalier.

« Ne vous en faites pas, Majesté. Les grandes distances sont une broutille pour moi. »

D’un sens, elle était heureuse de l’apprendre même si, sur le coup, durant un très bref instant, elle douta un peu de la parole de Redÿsco. Après tout, le royaume de Fée n’était pas à la porte du royaume d’Émeraude et la forêt de son royaume n’était pas reconnue pour être la plus aisé à traverser. Une partie d’elle ne pouvait pas croire qu’un si long voyage n’était que vétille pour quelqu’un.

« Je suis venu pour vous. Alors, allez-y ne vous privez pas. Profitez-en tant que je suis ici. Posez-moi toutes les questions qui vous passeront par la tête. »

Quel tact ! pensa-t-elle aussitôt. Solveigh s’avançait peut-être en territoire inconnu, mais elle était quasi certaine de ne pas se tromper en se disant que cet homme n’était pas du genre « conventionnel ». La reine avait entendu parler du code de conduite qu’Émeraude instruisait aux membres de l’ordre – d’ailleurs, elle consentait et respectait grandement ce dernier – elle ne doutait pas un instant que l’homme qui marchait près d’elle était loyal à son titre de chevalier, mais d’une certaine façon, Solveigh imaginait mal Redÿsco ne pas dire ce qu’il pense réellement ou encore, faire preuve de retenu face à quelque chose qui va à l’encontre de ses convictions personnelles.

* C’est la première fois que je vois un homme aussi grand. Et toi ? *
* Peu importe. Moi je veux juste savoir s’il va changer d’avis quand notre reine va parler. *


La reine arrêta brusquement sa marche et centralisa soudainement toute son attention sur son peuple. Elle ferma brièvement les yeux pour mieux utiliser son pouvoir d’empathie afin de renforcir le lien qu’elle avait naturellement avec les siens. C’est à cet instant seulement qu’elle réalisa l’ampleur de la situation… Si plusieurs ne se contentaient que de les observer, d’autres utilisaient des moyens beaucoup plus personnels pour satisfaire la curiosité typique des fées.
Un acte que la reine n’apprécia point et qu’elle n’allait aucunement laisser accroitre.

« Excuser-moi un instant, chevalier Redÿsco. » Murmura-t-elle à ce dernier avant de se retourner pour faire face aux fées près d’eux.

Solveigh prit une grande respiration.

« Je suis consciente que nous ne recevons pas beaucoup d’étranger dans le royaume et que de se fait vous êtes tous et toutes très enthousiasme à l’idée de connaitre notre invité venue d’Émeraude… Cependant, je vous prierai de bien vouloir retourner à vos occupations. J’apprécierai également que ce qui était en train de se produire… Elle fit une bref pause pour poser son regard sur les fées en faute. Ne se reproduise plus. » Conclu-t-elle d’une voix qui ne laissa pas place à la discussion.

La reine ne reporta pas de suite son attention à Redÿsco. Elle prit quelques secondes afin de s’assurer que tous et toutes retournaient à leur occupation et profita également de ce court moment pour trouver les mots qui seraient le plus approprié a utiliser pour s’excuser auprès de son invité. Elle ignorait si le chevalier avait, ou non, prit connaissance de ce qui s’était passer sur sa personne, mais par principe Solveigh préférait clarifier la situation avec ce dernier.
 
« La curiosité n’est pas toujours une qualité... Le temps nous rend généralement plus sage en nous faisant apprendre de nos erreurs. » Dit-elle en se retournant vers lui.

Petit à petit, elle afficha de nouveau un sourire malgré l’embarra qu’elle ressentait encore un peu. Elle était certainement la mieux placée pour comprendre l'embrasement et la curiosité qu’avaient ressenti son peuple, car elle-même avait été tentée de sonder cet homme pour en apprendre plus à son sujet.
Cela n’excusait toutefois pas le comportement qu’avaient eu certaines de ses fées.

« Pardonnez la jeunesse des miens, chevalier… Ajouta la reine avec sincérité. J’ose espérer que ce désagrément ne précipitera pas votre retour à Émeraude, car j’aimerais bien que vous me parliez de votre arriver à Émeraude. Si cela n'est pas indiscret, naturellement. » Dit-il d’une voix plus douce, plus posé.
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06.08.17 14:48
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Cela lui avait toujours fait défaut. Le magicien d’Emeraude l’avait d’ailleurs mis en garde plusieurs fois contre ses mauvaises habitudes, contre son mauvais caractère qu’il avait forgé à force de défaites, de déceptions, d’abus de confiance et de petites trahisons comme autant de coups de poignard dans son corps comme dans son cœur. Redÿsco gardait en lui, au plus profond de lui-même une blessure encore plus grande, suppurant la rage, la tristesse et le dégoût, l’incompréhension, déversant à flot des marées de colère d’adolescents –ou d’enfant- brisé et qui essaye désespérément de recoller les morceaux. Chassé comme un pestiféré.

Il s’était construit autour de ses douleurs, érigeant des murailles épaisses et épineuses mais si fragiles parfois qu’un courant d’air pouvait les faire flancher d’un clignement d’œil. Il était un volcan qui dormait trop peu et qui crachait sa souffrance à tous ceux qui faisaient déborder le vase trop souvent rempli, en espérant intimement que quelqu’un comprenne, que quelqu’un écoute, que quelqu’un le fasse taire et lui donne l’amour qu’il recherchait tant, en vain. Mauvaise humeur, mauvais garçon. Mauvais élève, mauvaise colère.
Trop fier et bien trop orgueilleux, comme une défense contre ceux qui désiraient le mettre à nu de peur qu’ils le brisent encore.
Bien trop sauvage pour rentrer dans les rangs, mais destiné à y rester malgré tout, contre tout.

Redÿsco n’avait rien à voir avec ses frères d’armes et ses consœurs chevaliers et chevalières d’Emeraude. Eux n’étaient qu’amour, joie, bonté et générosité. Il se voyait comme une erreur. Il se demandait souvent pourquoi on l’avait accepté, lui, au milieu de tous ces enfants prometteurs d’Enkidiev. Kirëanie au leadership indiscutable, Névénoë et sa bonne humeur, Tharivor l’élève prodige d’Elfe, Bastian le justicier… et lui qu’avait-il de plus que les autres ? Qu’avait-il de si particulier à part des dons magiques qui avaient failli lui coûter la vie ? Au sein de l’Ordre il devait être le vilain petit canard, bon dernier qui jamais n’avait appris à vraiment contrôler ses pouvoirs. Chez lui régnait l’instinct et l’impulsivité, deux bêtes folles qu’il n’avait jamais su brider.
Il ne voulait pas décevoir plus qu’il ne décevait déjà.

Aussi lorsque la Reine Solveigh s’arrêta pour remonter les siens et le protéger, il tut son orgueil blessé, garda le silence et se contenta de l’observer d’un regard perçant, brillant d’une émotion certaine. Contenant avec peine les passions qui l’agitaient encore, il faisait de son mieux pour ne pas être celui qu’il avait toujours été, et rentrer dans le moule qu’on lui avait bati toute sa vie : celui d’un chevalier de l’Ordre d’Emeraude, de la Reine Cassyanne d’Emeraude et représentant de la première défense d’Enkidiev contre les ennemis du monde. Un homme noble, droit, poli et courtois, d’une éducation irréprochable et d’une force inébranlable. Un homme idéalisé par tous, et dont il n’était même pas un brouillon raté.
Solveigh se tut, alors que son peuple retournait à ses occupations, bavardant de cette remontrance, de l’étranger, de lui, de son malaise, de son mal-être, de son savoir-vivre inexistant. Il savait que malgré les paroles de la Reine, rien n’empêcherait les siens de se saisir de quelques monceaux, d’en créer des rumeurs qui remonteront aux oreilles de Cassyanne et des autres Chevaliers. Le Loup détourna le regard vers l’horizon par-delà les murailles du palais de Fée.
Emeraude l’avait envoyé ici pour se débarrasser de lui. Il ne voyait que cette raison à sa venue ici, à ce choix de l’envoyer lui plutôt qu’un autre beaucoup plus doué en diplomatie, en culture. En tout.

Trop absorbé par ses pensées, lassé de tout ce mal, lassé déjà et vexé, frustré de lui-même, il écouta distraitement la Reine Solveigh lui parler, se voulant rassurante. Une seconde passa avant qu’il ne se rende compte qu’il s’agissait encore d’une impolitesse, mais il était trop tard. Une nouvelle fois.
Un regard discret vers elle, plus perdu et peu assuré qu’autre chose. Distraite lueur, illusion de faiblesse qu’il s’empressa de camoufler de nouveau sous ses iris bestiales, froides et dures, mais brillantes d’une fougue animale. Il baissa les yeux, tendit l’oreille sagement. Comme le bon élève qu’il s’évertuait à être, en vain.

Ce fut un coup de couteau de plus, un claquement de fouet qui le fit se replier plus encore derrière ses murailles de glace, invisibles, dans son Palais de l’Ame. Le Loup montra les crocs, apeuré, la queue plaquée contre le ventre entre les pattes, et le poil tout hérissé d’une frayeur enfantine. Terreur nocturne. Redÿsco perdit son regard vers les écuries où entrait sa jument. Il soupira sans entrouvrir les lèvres, plus pour se donner du courage et redresser son attitude, pour se donner une prestance, un prétexte.

« Si ce que vous voulez savoir concerne le traitement des enfants destinés à devenir chevaliers, sachez que nous sommes bien nourris, logés et que pour la plupart nous ne sommes pas seuls. » répondit-il d’un ton neutre, mais de sa voix seyante, grave. « Nous arrivons jeunes. Il est facile de s’adapter à cette vie, quand on n’a pas vécu. » ajouta-il. « Nous sommes suivis par le Magicien d’Emeraude qui peaufine nos dons magiques, et nous vivons en groupe. Nous avons tout ce dont nous sommes censés avoir besoin pour être heureux. »

Théoriquement, oui. Il ne mentait pas. Il ne mentait jamais à personne, sauf à lui-même. Il omettait parfois la vérité, refusait d’avouer, mais ne mentait pas. Redÿsco n’était pas de ce genre-là. Il s’approcha d’Ecume pour caresser son chanfrein gris une fois qu’elle fut installée dans sa stalle, spacieuse. La jument broutait déjà un foin de qualité, dont le chevalier humait l’odeur distraitement. La Reine pouvait être fière de ses écuries. Elles étaient lumineuses et propres à l’image de son royaume. Red regrettait seulement qu’Ecume ne soit pas installé dans un petit pré : après tout il était dans sa nature équine de vivre à l’extérieur, et de ne pas rester immobile toute la journée dans une stalle, même si celle-ci était confortable. Mais Ecume se contenterait de cette stalle. Redÿsco ne comptait pas rester éternellement à Fée.

« Autre chose, ma Reine ? » demanda-t-il en lui lançant un regard en coin.
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Solveigh
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Reine de Fée
11.08.17 11:24
Solveigh
Solveigh, bien qu’elle essayait de faire comme si cela n’avait pas saisi son attention, ne pouvait s’empêcher de dire que le chevalier ne semblait pas alaise en sa présence. Intérieurement, alors qu’elle attendait une réponse ou une réaction de sa part, elle se remémora les derniers évènements dans le but de trouver des réponses. Plusieurs questions lui venaient à l’esprit et bien honnêtement, la reine ne savait pas par où commencer.

Était-ce l’accueil qu’elle lui avait fait à son arriver au château ? Elle se remémorait pourtant avoir été courtoise, bienveillante et d’une politesse digne de la réputation de ses prédécesseurs.

Était-ce parce qu’elle lui avait proposer de lui faire visiter les écuries de son royaume ? Pourtant, Solveigh lui avait suggéré cette visite principalement pour éviter de retourner entre les quatre murs de son château. Et puis, qui n’aurait pas remarqué l’amour qui se dégageait de cet homme pour sa monture ? Il aurait fallu être un parfait idiot pour ne pas remarquer cette tendresse naturelle qui unissait ces deux êtres.  

Était-ce parce qu’elle venait d’intervenir avec son peuple et que cette intervention le concernait légèrement ? Durant un court instant, la reine se dit que, peut-être, le chevalier n’avait pas apprécié son geste. Elle se dit aussi que, peut-être, son invité n’appréciait guère qu’elle fasse preuve de familiarité avec lui alors que, logiquement, ce dernier est un parfait inconnu. Peut-être aurait-il préféré visiter les lieux en compagnie d’un des serviteurs ?
Solveigh n’eut pas vraiment le temps de poursuivre son questionnement intérieur, le chevalier d’Émeraude prit la parole :

« Si ce que vous voulez savoir concerne le traitement des enfants destinés à devenir chevaliers, sachez que nous sommes bien nourris, logés et que pour la plupart nous ne sommes pas seuls. »

Malgré le ton neutre qu’il employa et sa voix grave, un tendre sourire apparut sur les lèvres de la reine de Fée. Elle se doutait déjà que les enfants magiques étaient tous très bien reçu à Émeraude. Toutefois, l’entendre de la bouche d’un chevalier la rassurait encore plus.
Lorsqu’il agrémenta sa réponse initiale en lui dévoilant plus en détail le mode de vie des jeunes enfants, intérieurement, Solveigh soupira de soulagement. Peut-être, était-ce ce le fait d’être une mère qui la faisait réagir ainsi ? Même si tous les enfants du royaume n’étaient pas les siens, la reine ne pouvait s’empêcher de se montrer maternelle vis-à-vis eux. Elle aurait essayé de faire autrement en ne démontrant pas son affection naturelle pour eux et elle n’aurait pas été en mesure d’être convaincante.  

« Autre chose, ma Reine ? »

Bien sur que si ! Pensa aussitôt Solveigh. La jeune femme avait encore plusieurs questions qui lui trottaient dans la tête. Intérieurement, elle était quasi certaine de connaitre les réponses, mais la nature curieuse des fées est et restera éternellement un trait de caractère incontournable pour elle-même et son peuple.
Néanmoins, malgré l’envie grandissante de lui poser de nouvelle question jusqu’à ce que la lune soit bien haute au-dessus d’eux, la reine prit un moment avant de lui répondre. Intérieurement, elle se demanda si cela n’était pas assez pour aujourd’hui. Même s’il essayait fort probablement de ne pas le démontrer, ce qui était tout à l’honneur de Redÿsco selon-elle, Solveigh était incapable de ne pas ressentir cette réticence ou du moins, ce sentiment qui s’y rapprochait.

Lui demander de ne pas lui prêtait attention aurait été contre nature. Si certaine chose était en son pouvoir, d’autre ne l’était pas. De par son titre et sa nature, le pouvoir d’empathie de la reine était naturellement plus développer chez elle qui ne l’était chez les autres fées du royaume. Même si elle n’utilisait pas son pouvoir, son corps tout entier était d’une grande sensibilité aux émotions qui l’entourait… Et qui plus est, elle côtoyait son peuple depuis cent-cinquante-sept ans… Sans prétendre qu’elle les connaissait tous, Solveigh s’était habitué au type de sentiment que son peuple ressentait.

« J’aurais effectivement d’autres questions pour vous, chevalier Redÿsco. » Fini-t-elle par dire.

Même si une partie d’elle regrettait sincèrement que le chevalier ne semble pas se sentir à sa place, la reine en conclut qu’elle ne pouvait malheureusement rien faire pour cela. Son pouvoir ne lui permettait pas d’influencer a ce point les sentiments des autres et elle jugeait avoir déjà fait tout ce qui était dans la mesure du possible pour rendre l’accueil de son invité agréable. Peut-être que le temps était tout ce qu’elle devait lui laisser ?

« Je dois vous avouez que cela me rassure de vous attendre dire qu’il fait bon de vivre à Émeraude. Dit-elle d’une voix douce et sincère. Même si, pour nous, tous nos enfants sont considérés comme des êtres magiques, certains démontrent plus d’habiletés que d’autres. Avec ce que vous venez de me dire, je pourrais plus aisément les rassurer en leur apprenant qu’ils ne seront jamais seul dans ce grand royaume. »

Un petit sourire emprunt de nostalgique apparut brièvement sur les lèvres de Solveigh lorsque, intérieurement, elle se remémora une discussion qu’elle avait eut avec une jeune pousse.
Secouant légèrement de la tête pour reposer son attention sur son invité, la reine reprit :

« Et je présume qu’une fois votre éducation terminée auprès du magicien, celui-ci vous remet au bon soin d’un garde ou d’un maitre d’arme ? Les années d’apprentissages sont-elles longues ? »
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20.08.17 12:33
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Elle souriait encore. Elle lui souriait encore. Ou du moins, prétendait-elle lui sourire ? Peut-être que ce n’était qu’une habitude de plus, en tant que reine, de sourire. Sourire, sourire et sourire encore. Tout le temps, toujours. A tout, à toutes remarques, à tous visages. Sourire le jour, sourire la nuit. Tellement qu’elle ne sentait peut-être même plus que ses pommettes s’étiraient en cette mimique spécifiquement humaine. Cette grimace que les empathiques ne pouvaient s’empêcher de copier.
Elle souriait, mais ce qui le rendait fou, c’était la sincérité qu’il pouvait lire avec intensité dans ses yeux clairs. Cette luminosité, cette compassion, cette douceur. Dans sa voix, dans ses gestes, partout sur son visage, partout sur son corps et encore plus dans son cœur.

Redÿsco hocha la tête aux paroles de Solveigh, plus absorbé par l’observation précise de ses traits fins que par le sens des mots qu’elle venait de prononcer. Ses pupilles lupines scrutaient avec attention les broderies de sa peau blanche, la courbure de ses cils fournis et la pureté de ses cheveux caressant ses habits raffinés en suivant la silhouette de son corps de femme. Elle avait une chevelure si longue qu’elle lui parvenait aux hanches et sans nul doute que si on l’observait de dos, on pouvait la voir danser sur sa cambrure, au ras de son fessier camouflé sous les plis de sa robe. Ses si longs cheveux qui trônaient fièrement aux abords de son visage de poupée de porcelaine, blanc comme neige, presque prétentieux d’être affublé d’une si grande perfection, contrastant avec la sombre couleur de ses iris papillonnantes et bordées de ce fameux sourire constamment collé à ses lèvres rosées.
Elle était parfaite, dans son rôle. Elle était faite pour cela, pour se tenir devant lui et prendre soin de son peuple, elle avait l’image et l’âme. Son cœur se serra. Ce n’était pas son cas, à lui.

Il vit onduler les mèches blondes encadrant le portrait de la Reine de Fée et ses paupières batifolèrent quelque peu alors qu’il se rendait compte que durant tout ce temps il l’avait profondément fixée sans aucune gêne apparente, et avec la plus grande concentration. Une autre erreur. Et toujours la même. Mais au final, plus il combattait son naturel et plus celui-ci le dominait. Redÿsco finit par lâcher un faible soupire et reporta son attention sur Ecume. La jument le regardait de ses yeux d’amande, avec amour. Il était si facile d’être un animal. Mais il était né homme et humain. Il aurait tout donné pour ne jamais naître ainsi.

Solveigh ne perdit pas de temps et lui posa d’autres questions auxquelles il répondit en caressant le chanfrein de sa fidèle monture pommelée.

« Nous apprenons le maniement des armes dès le plus jeune âge, Majesté. Ce savoir est aussi important que celui de la magie. » Red glissa son regard sur elle. « Nous apprenons pareillement tout ce qui pourrait nous être utile au sujet des royaumes d’Enkidiev… Il nous est aussi enseigné la bienséance et les traditions culturelles de nos voisins. Ainsi qu’une éducation digne de faire face aux familles royales. »

Education qu’il semblait avoir totalement oublié, pensa-t-il aussitôt. Combien de fois ses maîtres s’étaient-ils arraché les cheveux en le voyant s’emmêler les pinceaux ou préférer observer une araignée dans un coin de la pièce plutôt qu’à s’appliquer à reproduire comme ses confrères et consœurs les bonnes mœurs qui seyaient au rang de ces majestés. Combien de fois avait-il dû essuyer la honte et la colère des éducateurs lui répétant sans cesse qu’il devait se concentrer et prendre exemple sur les autres. Insinuant en lui, profondément, qu’il n’était pas à la hauteur des espérances d’Emeraude.

« Quant à la durée de notre apprentissage, eh bien, il s’agit de notre quotidien. Pour la plupart d’entre nous, c’est tout ce que nous avons connu jusque-là. » dit-il. « J’ai quelques souvenirs de ma vie avant Emeraude, mais j’y ai vécu la plus grande partie de mon existence. »

Redÿsco regretta amèrement d’avoir ajouté cela à sa réponse. Il craignait à raison que la reine ne creuse davantage en ce sens. Il n’avait aucune envie de discuter de Fal, de sa famille. De sa blessure qui saignait encore. Un rappel éclair, comme une piqûre de guêpe à sa hanche qui portait à jamais la marque de sa différence.
Ridicule pensée, ridicule frayeur alors qu’il glissait de nouveau ses yeux sur la fée, relevant la tête. Avait-elle déjà souffert un jour ? Sans aucun doute oui, car il n’était qu’un homme et elle était une créature ayant déjà vécu plus de cinq fois sa vie.
Red se sentait comme un enfant face à elle, tout d’un coup. Une rage sourde gronda à l’intérieur de sa poitrine. Lui, c’était lui qui était ridicule. En tout point. A chaque instant. Solveigh le surpassait, comme Kirëanie. Comme Bastian et Névénoë. Comme Tharivor. Et bientôt comme tous leurs écuyers.

Alors il baissa les yeux. Il baissa les yeux devant elle qui avait déjà vécu. Il baissa les yeux devant tout ce qu’il ne serait jamais. Devant tout ce qu’on lui demandait d’être et qu’il se refusait d’accepter. Il baissa les yeux un instant, rendit les armes et pria qu’on le laisse enfin en paix, que cette torture qu’il s’infligeait cesse.
Mais le Loup hurla à la lune de son cœur, terrible, qu’il n’avait pas le droit. Qu’il n’avait, en fait, pas le choix.

Redÿsco planta son regard dans celui de Solveigh, dévorant sa douceur de ses iris sauvages au travers desquelles se déroulait une guerre sans nom entre l’humain et la bête.
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Solveigh
Solveigh
Reine de Fée
31.08.17 2:29
Solveigh
Intérieurement, Solveigh vivait son tout premier combat. Plus elle regardait le chevalier d’Émeraude prénommé Redÿsco et plus elle avait envie de sonder l’âme de ce dernier pour en apprendre davantage sur les sentiments qui l’animait présentement. La curiosité lui brulait scrupuleusement la peau. Même si une partie d’elle-même se doutait bien que cette soudaine envie provenait du fait que ses fées avaient franchies le pas, et donc qu’ils et qu’elles savaient des choses que la reine, elle, ignoraient, Solveigh avait beaucoup de difficulté à résister à la tentation grandissante. Elle aussi, elle voulait savoir.

Discrètement, elle releva le regard pour observer plus attentivement son invité et fut stupéfaite en réalisant a quel point, d’un sens, il la désarmait sans le moindre effort. Elle n’avait pas en mémoire avoir vécu une situation, de près ou de loin, similaire a celle-ci. Durant ses cent cinquante-sept ans d’existence, Solveigh en avait vue de toutes les couleurs. Après tant d’année, elle savait pertinemment qu’elle était en mesure de se contrôler afin de ne pas laisser la curiosité légendaire des fées lui faire commettre un geste irréparable… Et pourtant, en regardant cet homme, elle avait l’impression d’être à nouveau vulnérable de sa propre nature.
Inconsciemment, elle pensa à Adanedhel avec qui elle avait des réactions similaires.  

* Solveigh Aubreilhÿa de Fée, ressaisit-toi ! * Elle sursauta légèrement en entendant sa propre voix dans son esprit. Subtilement, elle secoua doucement la tête afin de retrouver ses esprits. Et heureusement pour elle, c’est a cet instant bien précis que le chevalier prit la parole. Lorsqu’il lui précisa que les années d’apprentissages des armes étaient un savoir tout aussi important que la magie, un petit sourire de reconnaissance se dessina graduellement sur ses lèvres afin de le remercier silencieusement de répondre a une autre question.    
La reine l’écouta attentivement.
Lorsqu’il glissa son regard dans le sien afin d’approfondir ses explications, Solveigh s’adossa doucement contre l’enclos derrière elle en prenant soin de ne pas écorcher ses ailes avec le bois. Par réflexe, ses doigts s’enroulèrent instinctivement dans ses longs cheveux blonds. Cette habitude ne l’avait pas quitter depuis ses plus jeunes années… Reine ou non, la jeune femme était incapable de ne pas poser ce geste lorsqu’elle était captiver par un sujet.

Incapable de le quitter des yeux, elle dévora les paroles de ce dernier. Lorsqu’il lui expliqua les diverses éducations qu’il avait reçues, elle ouvrit grand les yeux, visiblement stupéfaite. Finalement, leur éducation était similaire à celle que recevaient les membres de la royauté. D’un sens, cela la rassurait même si une seconde partie d’elle-même ne pouvait s’empêcher de trouver que c’était beaucoup demandé à de si jeune enfant. Néanmoins, elle ne pouvait nier que le comportement exemplaire du chevalier était tout à l’honneur des dits apprentissages qu’il avait reçu depuis sa plus tendre enfance.
Solveigh allait d’ailleurs le complimenter sur ce fait lorsqu’elle fut devancée par son invité, qui renchérit de nouveau ses explications en précisant le nombre d’année pendant lesquelles les membres de l’ordre perfectionnaient toutes ses connaissances.
Entremêlant de plus en plus rapidement ses doigts dans ses cheveux, démontrant inconsciemment son intérêt vis-à-vis les paroles du chevalier, la reine ne manqua pas la dernière remarque de Redsÿco concernant sa vie avant Émeraude.

Cette fois, le sourire de Solveigh disparut... Elle n’avait pas besoin de sonder l’âme de ce dernier ou d’user de ses quelques pouvoirs magiques pour sentir que son invité n’avait pas envie d’approfondir le sujet. Intérieurement, la reine comprenait certainement mieux que quiconque. Ne désirant pas mettre son invité mal alaise en approfondissant le sujet, la reine prit une grande respiration dans le but de reprendre la parole, mais fut à nouveau devancer par ce dernier. Cette fois, se ne furent pas des paroles qui coupèrent son élan, mais le fait qu’il baisse de nouveau la tête.
Si les fois précédentes, il avait posé ce geste par respect envers la hiérarchie, cette fois, elle percevait qu’il s’agissait d’autre chose. Solveigh était cependant incapable de donner une explication logique et sensé a son intuition.

Lorsqu’il planta son regard dans le sien, elle fut incapable de ne pas afficher un petit sourire tandis qu’elle démêla ses doigts de l’emprise de sa chevelure dorée. Elle garda le silence un court instant, observant attentivement le chevalier qui se trouvait devant elle et qui, sans même le savoir, captivait de plus en plus cette dernière. Était-ce sa carrure ? Il est vrai qu’elle en avait rarement vue d’aussi parfaite… Était-ce sa voix ? Malgré tout le respect qu’il faisait preuve à son égard, le timbre de voix de cet homme trahissait sa véritable nature, ne la laissait pas indifférente à l’inconnu qui se présentait à elle… Était-ce son regard ? Celui-ci était si différent de la douceur traditionnelle des hommes de son peuple…

* Ne soyez pas si… conventionnel si cela va à l’encontre de qui vous êtes, chevalier. Je ne vous en tiendrais pas rigueur si vous vous mettez plus alaise en ma présence. * lui dit-elle tendrement par télépathie en quittant le confort du bois de l’enclos où elle s’était adossé il y a quelques minutes.

D’un pas feutré, elle s’avança tranquillement vers lui, ne le quittant pas des yeux. En arrivant a quelques pas de lui (à une distance néanmoins raisonnable) elle constata de manière beaucoup plus évidente la carrure imposante du chevalier. Elle fut d’ailleurs incapable de ne pas poser un regard sur sa propre taille en baissant discrètement les yeux. Même ses ailes ne la grandissait pas suffisamment. Elle faisait incontestablement pâle figure comparativement à lui.
Bien qu’une certaine timidité commença a s’installer chez elle, Solveigh tenta de cacher celle-ci en prenant de nouveau la parole :

« Je sais que les membres de votre ordre possèdent des pouvoirs que, je crois, vous nommez pouvoir de base ? Cependant, en avez-vous qui sont plus… comment dire… personnel ? Je présume que oui puisque d'une certaine façon, vous êtes non seulement un guerrier, mais un magicien également et que ceux-ci en ont. En ce qui me concerne, je ne possède que le pouvoir de télépathie, d'empathie et d'illusion. Malheureusement, je n'ai jamais approfondie ceux-ci puisque mes responsabilités ne me le permettaient pas réellement. Depuis toute ses années, je contrôle relativement bien la télépathie et l'empathie, mais mes illusions ne sont probablement pas de taille contre une personnage ayant étudier cette arcane. Elle prit une courte pause et profita de celle-ci pour observer discrètement le chevalier. Souriant à nouveau, elle reprit : Si cela n'est pas indiscret, puis-je savoir quels sont vos pouvoirs ? » Demanda-t-elle par curiosité.
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03.09.17 16:15
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Pendant un court instant, ils se fixèrent.
Son regard sombre et sauvage, plein de colère, de rage et d’amour enchaîné dans celui de la si belle reine de Fée, doux, généreux et brillant de sensibilité. Décelant dans ses prunelles toutes les années passées dans son royaume, dans son palais, baignée par la gentillesse et la soierie des gens de son espèce. Eclairée par la bienveillance de son peuple, guidée par son instinct premier d’être subtil et empathique. Ses prunelles, pures, dont l’intensité n’échappa pas au Loup alors qu’ils s’obstinaient à se fixer ainsi.
Soudain, Solveigh pénétra son esprit, comme elle se décollait du bois où elle s’était adossée quelques minutes plus tôt. Sa voix résonna dans la tête du chevalier d’Emeraude autant comme la caresse d’une plume sur sa peau que comme la piqûre mesquine d’une lame discrète. Il avait baissé sa garde, un seul temps, entrebâillant les murailles de sa forteresse de l’Ame. Invitation ou maladresse, peu importait. La Reine de Fée tendait son doux visage entre les portes massives de son palais de glace. L’animal était troublé. Déstabilisé.

Comment devait-il prendre ce geste ? Il était autant une violation de son territoire qu’une simple main tendue vers son pelage. Elle s’avançait vers lui, posant ses pieds sur le sol comme le ferait une biche : sans un bruit, la forêt retenait son souffle devant la dame de la forêt. Et le Loup, dépossédé, ne savait plus s’il devait mordre la chair ou s’incliner. Intéressé par cette approche, Redÿsco pencha quelque peu sa tête de côté. Il garda le silence quant à l’intrusion de Solveigh dans son esprit. Elle provoquait l’animal, comme on harasserait un entier avec une feuille de papier au bout d’une badine pour l’exciter. Elle s’avançait ainsi, innocente d’apparence, alors que glissait les mots dans la tête de l’homme, et qu’elle prenait grand soin de soutenir l’attention du regard de la bête.
Quand elle se rappela leur stature à tous les deux, il la sentit défaillir un faible instant. Mais il n’en pensa pas moins. Physiquement il dominait, mais il s’agenouillait devant sa grandeur d’âme. Redÿsco plissa légèrement les yeux, alors qu’elle les jaugeait tous les deux. Lui, imposant et d’attitude méfiante et nerveuse, boule de nerfs. Elle, si douce, si légère, fil de soie tissé par la nature dont la silhouette menue contrastait avec la carrure du Falien.

Elle prit la parole. Il tendit l’oreille.

La Reine parla de leurs pouvoirs à tous, Chevaliers d’Emeraude. De leurs dons naturels, et communs, qu’ils partageaient. Qu’ils avaient appris à développer, des plus utiles. Des plus nécessaires. Elle parla de ses pouvoirs, à elle. Empathie, illusion et télépathie. Elle en avait fait preuve juste auparavant : communiquer avec un seul esprit était plus délicat que s’exprimer bruyamment au travers un groupe. Comme beaucoup de fées, elle avait surement un don encore plus naturel pour l’empathie. Mais Redÿsco n’était pas un idiot et il savait que cette longue introduction n’avait qu’un seul but : découvrir de quoi les dieux avaient décidé de le doter. Ou de le punir. Malédiction ou bénédiction, il ne pouvait s’en défaire et devait s’en contenter.
Par deux fois à présent, elle avait provoqué l’homme, appelé l’animal. Par deux fois, elle avait toqué à la porte de son royaume tout en ayant déjà un pied dans son palais. Par deux fois, déjà, elle avait secoué la badine devant la cage, fait résonner la cloche, tintamarre. Elle l’invitait promptement à délaisser le comédien chevalier pour se révéler. Mais Red n’était pas vraiment décidé à laisser tomber le masque. Il était bien trop tôt et l’attitude de la Reine le dérangeait quelque part. Elle désirait le voir sous son véritable visage, et il craignait qu’elle se défile une fois qu’elle verrait les crocs claquer devant son nez et les manières peu éduquées du lupin.

Il se déplaça à son tour. S’éloignant d’Ecume prestement, croisant les mains sur son torse et son armure légère, c’est de la Reine de Fée qu’il se rapprocha alors. Distance plus ou moins respectable, mais visiblement scandaleuse puisqu’il pénétrait dans sa bulle personnelle là où elle avait choisi de s’arrêter. Il effectua un demi-cercle autour d’elle, tout en scrutant attentivement chaque parcelle de son corps. Rien n’échappa à ses pupilles d’acier, aiguisées pour remarquer la moindre proie dans un paysage dense. Elle était là sous son nez, il ne pouvait pas la rater aujourd’hui. Elle était à moins d’un mètre et il resserra d’avantage son étreinte sur elle, à mesure qu’il avançait.

« Je ne voudrais pas vous effrayer, Majesté. » lui répondit-il sincèrement, mais de cette voix rauque dont on pouvait facilement deviner le ton sarcastique.

Redÿsco se planta derrière la fée.
Cela lui tendit de caresser la longue chevelure de blé comme il passerait ses doigts tendrement dans les crins de sa jument pommelée. Il suivit du regard des racines jusqu’aux pointes démarquant la courbure de la reine, s’arrêtant à la limite de son fessier où il n’osa aller. Il écoutait son cœur battre, et son sang battre encore plus fort dans ses veines. Pareil au moment où il s’apprêtait à s’élancer sur sa proie, naïve et inconsciente du danger qui la guettait dans les fourrées. Il retint son souffle alors qu’il imaginait parcourir les ondulations blondes et chatoyantes, se penchant légèrement tout en même temps.
Le Loup huma son parfum délicat. Ses pupilles se dilatèrent.

« Je vous en dévoilerais bien plus que je ne le désirerais. »

Il n’oubliera jamais son odeur.
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Solveigh
Solveigh
Reine de Fée
07.09.17 10:39
Solveigh
Tandis qu’elle attendait une quelconque réaction de la part du chevalier concernant sa dernière question, Solveigh examina attentivement ce dernier. Elle voyait si rarement les hommes -ou femme- des autres royaumes et en cet instant bien précis, elle regrettait d’être si souvent prise par ses obligations de reine. Les humains étaient-ils tous comme lui ? Non. Bien sûr que non ! Même si elle n’avait pas eu la chance de sortir de son royaume aussi souvent qu’elle aurait aimé le faire, la reine de Fée savait que l’homme qui se tenait devant elle était… unique. S’il y a bien une chose qu’une décennie d’existence lui avait apprit ; c’était la grande diversité des individus qui peuplent les royaumes d’Enkidiev. Bien que réuni dans un même village, un même clan et une seule bannière, les fées de sont royaumes étaient tous si différentes les unes des autres que Solveigh ne pouvait que se dire qu’il en était de même avec tous les autres peuples.

Quelque peu perdu dans ses pensées, les doigts de nouveau entremêlés dans la pointe de ses cheveux, la reine de Fée prit un moment avant de réaliser que son invité se rapprochait d’elle. Lorsque Solveigh réalisa qu’il était en train de réduire l’espace qui les séparait auparavant, elle plongea son regard ambré dans le sien sans défléchir un seul instant. Lorsque Redÿsco se retrouva derrière elle, et même si elle ne pouvait plus le voir dans cette position, la fée sentit aisément le regard de ce dernier qui l’examinait de la tête au pied.
Un frisson, qui lui était totalement inconnu, fit alors vibrer le corps tout entier de la reine, qui ferma brièvement les yeux pour contrôler un minimum ce soudain ressentiment.  

Si plusieurs membres royaux auraient trouvé l’attitude de ce chevalier d’Émeraude déplacé, Solveigh, elle, se surprit à ne pas être rebuté par ces manières. Elle n’avait pas pour habitude de réagir ainsi, encore moins d’être troublé par la présence d’un homme auprès d’elle. La vie lui avait donné le temps de s’accommoder à tout et pourtant…

Lorsqu’il lui mentionna qu’il ne voulait pas l’effrayer, l’ombre d’un sourire apparut sur les coins de ses lèvres. Et, lorsqu’il se planta derrière elle, un second frisson l’enivra complètement. Solveigh devait bien l’admettre ; cet homme, même s’il n’était pas d’une descendance féérique ou elfique, était tout aussi captivant, fascinant et surtout, envoutant que ceux-ci.
Une infime partie d’elle ne put s’empêcher de douter sur la provenance de cette attraction soudaine. Après tout, il pouvait bien s’agir du pouvoir magique de son invité. Toutefois, cette pensée aberrante disparut lorsqu’elle sentit son invité se pencher légèrement vers elle. Malgré le désordre émotionnel qui l’animait présentement, Solveigh écouta attentivement les paroles du chevalier.

Il était à quelques pas d’elle. Elle pouvait sentir son souffle chaud.
La fée savait pertinemment que si elle se retournait, non seulement elle tomberait nez à nez avec lui, mais elle serait également collé entièrement à lui. La simple idée de se retrouver dans une telle position ébranla la fée, qui ne s’attendait pas à une telle réaction.

« Effrayer ? Murmura-t-elle d'une voix intrigué en tournant légèrement la tête afin de pouvoir plonger son regard ambré dans celui du chevalier. Peut-être serais-je, au contraire, plus que charmé ? »

Inconsciente du danger, mais étonnement consciente que tous gestes brusques le ferait fuir tel un animal sauvage effrayer face à un danger, Solveigh abaissa doucement ses ailes translucides et se retourna tranquillement pour lui faire face. Malgré la gêne qui grandissait, malgré son cœur qui battait à un rythme qu’il n’avait jamais atteint, malgré le maelström de sentiments et pensées qui lui embrouillaient l'esprit et malgré la teinte rougeâtre qui apparaissait graduellement sur ses pommettes, la fée ne quitta pas l'acier tranchant de son regard. Comme elle s’en doutait, elle se retrouva nez-à-nez avec le chevalier.

« Néanmoins, si ce n’est pas ce que vous désirez, je ne vous y obligerai pas. » Dit-t-elle d'une voix douce, mais quelque peu chancelante.
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Invité
Invité
09.09.17 10:38
Invité

Comment lui dire. Comment lui avouer. Qu’il n’avait d’humain que l’apparence et que cent fois, cent vies, il aurait donné pour ne jamais exister. Pour n’être que ce que la magie lui avait apporté. Pour être loin de tous les problèmes, loin de la folie des hommes, de toutes leurs complications. Vivre en tant que bête, c’était accepté pour seule ennemie la vie, mais la choyer tout autant.
Et comment lui dire, comment lui expliquer. L’effrayer, demanda-t-elle. En quel honneur, pouvait-il s’avancer en ces termes alors même qu’il ne lui avait rien montré ? Elle ne comprenait pas l’étendue de l’homme qu’il y avait derrière elle, et qui lui était encore caché. Elle en effleurait tout juste la surface, et tentait d’y creuser un passage avec douceur, mais un peu d’impatience.
Redÿsco n’était pas prêt à se dévoiler à elle. Pas en cet instant, en tout cas.

Charmée, dit-elle.
Ce mot le fit fuir. Jamais, ô grand jamais il ne s’était imaginé autant de quiproquo dans son comportement. Jamais il ne lui avait traversé l’esprit de flirter avec la Reine de Fée. Jamais, jamais il n’aurait osé poser les mains sur elle, ni ses sentiments. Loin de lui l’idée même, la conscience, qu’il y ait eu quoi que ce soit de romantique ou d’ambiguë. Certes, Solveigh était belle. Mais il n’avait ressenti rien de particulier pour le moment. Il avait juste fait comme elle le lui avait demandé : il s’était mis plus à l’aise.
Voilà le résultat.

Redÿsco se referma alors que la fée se retournait, pour lui faire face. Nez à nez avec elle, plongeant son regard acéré dans le sien, il venait de la flanquer à la porte de son palais de l’âme. Aussi durement que le mot qu’elle lui avait soufflé avait été subtil. Il était ici en mission, et elle ne consistait pas à séduire une reine bien malgré lui. Si c’était lui, et lui-même, lui qui se cachait, qui la faisait chavirer, alors il resterait bien planquer à l’intérieur de lui. Le Loup se terra dans l’ombre.
Le teint rosé de la fée ne mentait pas sur les émotions qui l’animaient. Red avait fait une terrible erreur en acceptant d’en dévoiler un petit peu plus. A peine avait-il commencé à agir comme il le ferait naturellement, qu’elle avait été tout autre. Elle s’était transformée. Elle coulait presque entre ses doigts d’un sentiment qui le dégoutait. Qui le dégoutait de lui.

Quel malheur. Quelle erreur. Quelle honte.
Le Chevalier recula d’un pas, puis d’un autre, ne quittant pas des yeux la reine. Le Loup hérissait le poil, chair de poule.

« Ce n’est pas ce que je veux. »

Froid et direct. Peut-être avait-il été trop familier, même en cet instant. Trop repoussant. Au final, c’était lui qui prenait peur. Peur de lui-même, de ce qu’il lui faisait, de l’effet qu’il avait sur elle et des conséquences qui allaient finir par tomber, un jour ou l’autre. Mais malgré tout, on n’apprivoisait pas un loup en quelques heures seulement. Il venait à peine d’arriver.

« Plus tard peut-être. » tenta-t-il de se rattraper, aux yeux de la reine. « Pour l’heure, il me faudrait prendre mes quartiers, si vous me le permettez. »

Fuir. Prendre du temps. Se remettre de sa frayeur. S’éloigner d’elle et mettre un terme à cette tension qu’il y avait entre eux et qu’il ne s’expliquait pas.
Redÿsco mentait à moitié sur ses intentions. D’une part, il désirait réellement prendre un bain pour se décrasser, même s’il détestait le contact de l’eau, et retrouver un peu de clarté magique. Et aussi se restaurer, mais il se pourrait qu’il retrouve Solveigh lors du dîner, peut-être. D’autre part, il voulait seulement que cela cesse, que cette entrevue en reste ici. Une coupure. Cela suffisait. Il en avait assez.
Le Loup se sentait pris au piège, un collier coulant autour du cou. Solveigh en tenait le bout et elle seule déciderait de si elle resserrait son emprise sur la bête ou si elle le laissait aller, libre.

La fixant, de nouveau respectueux et protocolaire dans son attitude, Redÿsco attendait patiemment mais impatiemment la réaction et la décision de la reine.
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